Nouveau plan d’Arnaud Montebourg « France Robots Initiatives »

Arnaud Montebourg a annoncé un plan de 100 millions d’euros d’aides à la robotique française, pour faire de la France un leader en la matière. Les Français, qui figurent parmi les plus hostiles à la robotisation, ont-ils tort d’avoir peur ? Et si les robots avaient un impact positif sur l’emploi ?

Alors qu’Arnaud Montebourg a annoncé un plan de soutien public-privé de 100 millions d’euros à la filière robotique, la robotisation est trop souvent pensée comme un effet de substitution du facteur capital au facteur travail, et par là donc responsable de la disparition d’un certain nombre d’emplois industriels.

Depuis les débuts de la révolution industrielle, l’automatisation a effectivement conduit à supprimer des postes pénibles ou répétitifs, dont la disparition était célébrée en période de croissance mais qui devient un sujet de crispation dans un contexte de chômage élevé. L’épisode luddiste de destruction de métiers mécaniques, qui prit place en 1811-1812 dans le centre de l’Angleterre, s’inséra ainsi dans une situation de crise économique suite au Blocus continental et à de mauvaises récoltes.

Création de deux à trois emplois par robot installé

Comme le montre l’Eurobaromètre n°382 de septembre 2012, les Français appartiennent au groupe des pays les plus hostiles aux robots avec des pays marqués par un taux de chômage élevé : Grèce, Portugal, Espagne.

Pourtant, un mouvement de robotisation, même massif, de l’appareil industriel en France aura un impact positif sur l’emploi. Ce dernier n’aurait pas été vrai dans la France des années 80, de même qu’il n’est pas vrai actuellement dans un pays comme la Chine, mais il l’est dans la France d’aujourd’hui où l’emploi industriel n’a cessé de se dégrader, avec un recul de quasi 800.000 emplois rien que sur la dernière décennie.

Or, la robotisation en France sur cette période a été plus faible que chez ses voisins. L’Allemagne s’est équipée de six fois plus de robots que la France sur la même période et l’emploi l’industriel y a progressé.

De la conception à l’installation, la fabrication de robots industriels requiert l’intervention de plusieurs entreprises avec des emplois à forte valeur ajoutée localisés sur le sol national, notamment dans les phases d’ingénierie et d’entretien.

Dans le livre de Roald Dahl, « Charlie et la chocolaterie », si le père du héros perd son travail au début du film, cédant la place à une machine chargée de visser les bouchons des tubes de dentifrice, il retrouve, à la fin, un travail en réparant cette même machine. Cette métaphore souligne à quel point les robots, même une fois installés, ont besoin d’opérateurs humains.

L’étude conduite par le cabinet Metra Martech pour le compte de l’International Federation of Robotics a avancé le chiffre de deux à trois emplois à temps plein par nouveau robot installé.

La robotisation : une alternative aux délocalisations

La décision d’investissement dans un ou plusieurs robots industriels repose rarement sur l’idée de licencier des salariés pour les remplacer par des robots. Dans la plupart des cas, les chefs d’entreprises investissent dans leur outil de fabrication lorsqu’ils sont en phase de croissance pour gagner des parts de marché sur le marché national ou à l’international.

Dans les cas de renouvellement de l’appareil de production, la décision conduit à rendre plus compétitif le processus de production et donc d’assurer la viabilité des sites industriels nationaux par rapport à la concurrence internationale.

La robotisation serait une alternative aux délocalisations. Ainsi, les investissements robotiques des industries automobiles allemande et japonaise ont permis de maintenir leurs positions sur le marché automobile et, in fine, les emplois liés à cette filière. Il n’est de richesse que d’usines et la robotique est bien une solution pour nous assurer la maîtrise des outils de production.

Enfin, l’investissement en robots industriels peut aussi tout simplement se révéler un outil de gestion des ressources humaines, en étant un moyen de contrer un déficit en main d’œuvre dans des secteurs qui souffrent d’une pénurie de candidats par manque de compétences ou d’envie, du fait de l’image dégradée, à tort, des emplois industriels auprès des jeunes et de leurs familles ; en remplaçant des travailleurs dans le cadre d’un départ à la retraite ; en débarrassant des ouvriers des tâches les plus pénibles génératrices de maladies professionnelles.

 

Source : Article complet du NouvelObservateur

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